Dans le roman de G. SINOUE, L’enfant de Bruges, une conversation hypothétique, entre le peintre Petrus Christus et l’érudit Laurens Coster, nous éclaire sur le bouleversement tranquille que nous vivons aujourd’hui. Nous sommes à Bruges en 1441, et un visionnaire nous explique que le développement du papier et de l’imprimerie sont inéluctables et vont profondément modifier la société...
[...] Petrus l’interrompit :
- Crois-tu vraiment que le papier supplantera le vélin ? Après tout la peau possède autant de qualité : elle résiste relativement bien à la déchirure, au feu, à l’eau.
- Tu as en partie raison. Il reste un merveilleux support. Toutefois, tu oublies l’essentiel : le coût. Un livre d’environ cent cinquante feuillets exige près d’une douzaine de peaux. Le chiffre s’élève à deux mille cinq cents peaux pour deux cents exemplaires. Le Vitae Patrum en a exigé à lui seul plus de mille! Il n’en sera pas de même le jour où l’on sera capable de reproduire les ouvrages artificiellement. Plus le tirage sera important, moins il sera onéreux. Il reposa la lettre en étain dans son écrin et enchaîna :
Mon ami, l’humanité n’a plus d’autre choix que d’accéder à l’ars artificialiter scribendi. Mille raisons lui imposent ce bouleversement [...]
Gilbert SINOUE, in « L’enfant de Bruges », 1999.
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